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L’EXPOSITION DE
PISCICULTURE A
ARCACHON
Notre
estimé correspondant, dont
nous avons publié une lettre il y a deux semaines, nous a
fait parvenir une
description de l’intéressante exposition qui se
déroule à Arcachon près de
Bordeaux ; on y découvre plusieurs
spécimens et équipements qui ont
été
rassemblés afin d’illustrer les progrès
de la science et de la technique dans
l’usage de procédés artificiels pour
l’élevage du poisson. Nous vous
présentons
une vue de l’intérieur de l’exposition
qui se tient dans un grand chalet en
bois spécialement construit à
proximité du Château Deganne et entouré
de grands
bassins à ciel ouvert destinés à
l’ostréiculture et à la
conchyliculture. Sur
la droite, on découvre une série de remarquables
spécimens de différentes
variétés
de poissons conservés dans des bocaux de verre. Sur la
gauche, on trouve toute
une panoplie de filets, casiers, cannes et autres instruments de
pêche ;
les filets les plus grands sont suspendus au plafond, qui est
également orné
des drapeaux de tous les pays. On aperçoit au fond
l’entrée de l’aquarium
mentionné dans la lettre de notre correspondant.
C’est l’un des plus grands
aquariums existant à ce jour, d’une longueur
d’environ trente mètres, et divisé
en vingt-deux bacs. Chacun de ces bacs a une profondeur
d’environ un
mètre et est doté d’un fond en marbre.
Outre les espèces rencontrées dans les
collections courantes, on y trouve de nombreuses
variétés étranges et très
belles, provenant des côtes voisines du Golfe de Gascogne et
qu’il n’aurait pas
été possible de transporter vivantes à
Paris ou à Londres.
Notre
correspondant a souligné
quelques insuffisances dans la section des maquettes, plans et dessins
des
principales stations piscicoles en France et ailleurs. Nous
rappellerons à nos
lecteurs que deux illustrations représentant les
élevages de saumon et de
truite de Huningue près de Bâle,
accompagnées d’un article descriptif, ont
été
publiées dans l’édition du 20
février 1864 de notre journal ; et dans le
numéro du 19 mars de cette même année,
nous avons publié une illustration de la
station piscicole construite par M. Francis à Twickenham. A
l’exposition
d’Arcachon on peut voir un dessin – et non une
maquette – du laboratoire
piscicole de Concarneau, près du Cap Finisterre sur la
côte bretonne. C’est
pourquoi nous publions une vue de Concarneau montrant les bassins en
ciment qui
s’étendent sur une surface d’environ 1500
mètres
carrés
et contiennent différentes variétés de
poissons. Le touriste qui s’intéresse à
cette branche de l’histoire naturelle a tout
intérêt à se rendre à
Concarneau,
qu’il ait ou non l’intention de poursuivre son
voyage jusqu’à Arcachon cet
été.
Regrettant
une fois de plus l’absence
d’une exposition de tous les plans et maquettes de ces
établissements qui
aurait permis de les comparer entre eux, notre correspondant
ajoute :
« Cette omission est d’autant plus
frappante que tout visiteur à Arcachon
remarque immédiatement que la pisciculture est le point fort
de cette
exposition. On découvre une succession infinie de flacons
contenant des
spécimens de poissons élevés
artificiellement dans les eaux douces
françaises ; grâce aux
étiquettes mentionnant les dates d'éclosion et de
capture, le spectateur peut déduire la vitesse de croissance
des différentes
variétés de poissons. J’ai par exemple
vu une truite provenant d’un œuf éclos
à
Huningue en 1860 et dont le poids vif devait être de
l’ordre de 14
livres.
L’exposition
propose également quelques beaux spécimens
d’omble chevalier, et l’on
soulignera l’effort entrepris pour illustrer certaines des
maladies qui
frappent les œufs de poisson ; on peut
également voir toute une série
d’œufs de saumon aux différents stades
de leur développement, depuis la
laitance jusqu’au moment où le poisson
éclot de sa fragile prison. J’ai
été
heureux d’apprendre que, dans la plupart des
établissements piscicoles
français, la très grande majorité
œufs atteint le stade de l’éclosion.
Mais je
pense que le système écossais de pisciculture est
le meilleur, dans la mesure
où les poissons sont remis dans la même
rivière d’où proviennent les
œufs. Le
système est différent en France où la
laitance est acheminée vers un entrepôt
central, puis distribuée sur l’ensemble du
territoire, sans tenir compte du
lieu où les œufs ont été
prélevés. On pourrait dire que cela revient
à
déshabiller Pierre pour habiller Paul, puisqu’on
prélève des œufs dans des
cours d’eaux qui ne sont pas très poissonneux pour
les envoyer vers des
rivières dans d’autres régions du
Royaume. »
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